Peut-on défendre l’égalité des femmes en parodiant d’autres textes ? Les réécritures de Poulain de la Barre dans son traité De l’excellence des hommes contre l’égalité des sexes (1675)

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Monika Malinowska, « Peut-on défendre l’égalité des femmes en parodiant d’autres textes ? Les réécritures de Poulain de la Barre dans son traité De l’excellence des hommes contre l’égalité des sexes (1675) », Le Monde Français du Dix-huitième siècle/Eighteenth-Century French World, vol. 10 n°1, 2025, p. 1-9.

Nos considérations au sujet de son troisième traité commencent par une citation provocante tirée d’un article de Sandrine Lely, qui attire notre attention sur le fait intéressant que le dernier livre préféministe de Poulain de la Barre est « peu et souvent mal lu ». Cette constatation est une observation pertinente, car si ce troisième livre constitue rarement l’objet d’une étude approfondie et s’il est « mal lu » – dans le sens, mal interprété –, c’est parce que son interprétation pose beaucoup de difficultés. Les deux premiers traités de Poulain de la Barre, De l’égalité des deux sexes ainsi que De l’éducation des dames, sont des œuvres conçues de manière à démontrer, à partir d’éléments de la philosophie de Descartes et d’une enquête de nature sociologique, que les femmes sont égales aux hommes à un degré identique et dans tous les aspects possibles de la vie. Pour ce faire, Poulain rompt avec toutes les autorités de l’Antiquité, y compris celle de la Bible. Son argumentation présuppose de nous libérer de toutes les croyances, traditions et coutumes enracinées depuis des siècles, une table rase difficile à opérer. Le message est clair et le raisonnement limpide dans ces deux premiers ouvrages. En revanche, la lecture du troisième texte, intitulé De l’excellence des hommes contre l’égalité des sexes, présente quelques inconvénients, entre autres car il semble parodier des textes sources que les lecteurs devaient connaître en latin, ou en utiliser les arguments plus outrés dans le but d'ironiser ou d'en faire sentir les débordements ridicules? Si tel était le cas, le ton burlesque a échappé à ses lecteurs qui ont cru à un retournement sincère de sa bonne opinion des femmes. Le mode de l'imitation burlesque est d'une efficacité douteuse dans la controverse féministe.

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